Parce qu’on n’est pas tous du métier – et même. Les réseaux sociaux de nos ados restent pour beaucoup un mystère.
Parce que depuis quelques semaines, je me vois expliquer régulièrement à ma 11 ans le fonctionnement de tel et tel réseau social afin de répondre à ses demandes.
Parce que je me suis aperçue que certaines de ses copines s’étaient lancées sans réfléchir et a priori sans être encadrées sur des réseaux sociaux, notamment instagram.
Parce que je suis très curieuse, que j’aime comprendre ce qui captive(ra) mes enfants (bon, je n’ai pas réussi avec les pokemons de P’tit)
Parce qu’autour de moi, je me rends compte que mes copines « mamans » sont rarement suffisamment connectées pour appréhender les tenants et les aboutissants des différents réseaux sociaux (à part Facebook, délaissé de toute manière par les ados)
Profitons que je ne sois pas encore dépassée. Petit billet destiné donc à vous mes lectrices mamans (et lecteurs papas cachés au fond) pour parler des réseaux sociaux de nos (pré)ados.
Rappel : ici pour notre Choupie de 11 ans (en CM2) pas encore de téléphone portable, accès contrôlé à l’iPad, elle possède une adresse mail que nous « vérifions » si besoin (jamais fait encore), elle ne doit pas donner son email à quelqu’un d’inconnu. Elle sait qu’il ne faut pas donner ses coordonnées, ni même son prénom et nom de famille sur internet, notamment sur les « chats » de ses jeux en réseaux (clash royal actuellement). J’ai commencé à lui parler de son « image », du fait qu’elle lui appartenait et que si, un jour, je trouvais une photo d’elle « indécente » postée par un tiers, j’irais porter plainte au commissariat !
Enfin, elle sait que nous lui donnerons un téléphone – mais pas un smartphone – à sa rentrée en 6e, juste pour téléphoner, envoyer des SMS. À la maison, elle pourra utiliser tablettes et ordis sans problème, car nous voulons évidemment qu’elle soit « connectée » et qu’elle utilise parfaitement les outils informatiques. Mais sous surveillance. Elle a fait la tête, mais je peux vous dire que ça fait son chemin, elle avoue parfois, en voyant des copines avoir des soucis, trouver bien qu’on soit si « strict » à ce sujet. Je la rassure en lui expliquant que petit à petit, en nous montrant sa maturité notamment, nous lui donnerons accès aux outils et réseaux sociaux de SON AGE.
Je suis sincèrement très ouverte, je ne veux pas juger trop facilement, mais laissez son enfant ouvrir un compte Facebook et/ou instagram à 10 ans… sérieusement ? Pour y faire quoi ? Il demande ? Et alors ? Vraiment, on en a déjà parlé, je veux bien entendre le « il veut être comme ses copains« … certes… mais ce n’est pas encore une histoire de poule et d’oeuf ça ?? Si des parents osent dire non, peut-être que d’autres feront de même ? Et puis, l’excuse est pourtant toute trouvée : PAS AVANT 13 ANS. C’est Mark qui le dit.
BREF
Démarrons.
Facebook. Le plus simple à appréhender, car je pense que nous y sommes quasiment toutes et tous, à quelques exceptions près (j’en connais). Pas de compte avant 13 ans sans mentir sur sa date de naissance. Vous pouvez être amis avec l’ado et du coup, jeter un oeil à ce qu’il dit/commente/like and co. Mais bon, évidemment, ils ne font rien de bien particulier sur leurs murs.
Les dérives possibles :
* les groupes privés : en n’étant qu’ami, vous ne pourrez pas voir ce qu’il se raconte dans les groupes où votre ado peut avoir été ajouté comme membre ou s’être inscrit de lui même. Généralement c’est là qu’ont lieu les insultes/harcèlement.
* l’ouverture d’un autre compte : ba oui. Un dont vous ne connaitriez pas l’existence.
Mais encore une fois, Facebook ne me stresse désormais pas plus que ça. Mis à part au niveau de l’empreinte numérique… Cela reste le 1er réseau vérifié par les Ressources humaines quand on postule à un job. Je vous encourage à ne jamais poster de photo personnelle sur ce réseau et à l’expliquer à vos enfants. Toutes les photos postées sont propriétés de Facebook. Même si vous supprimez ensuite une photo, elle « reste », elle a pu être partagée, enregistrée-sous, sans oublier les « copies-écran », vieux comme l’internet, mais toujours aussi efficace.
Twitter. Au secours. Les comptes des ados sont flippants. Vides. Tous champions du monde de l’orthographe. C’est magique à quel point ça pique. Par pitié, insistez pour qu’ils n’utilisent pas leur vraie identité (empreinte numérique bonjour). Exemple « marrant », ces stagiaires qui tweete un dimanche soir « que ça les gonfle grave d’aller au taf le lendemain matin » et qui… se font remercier par le compte de la marque/du magasin/du boss, bref, du job en question. BIEN JOUé MON GARS.
Instagram. Ahhhhhhhh LE réseau social qu’ils adorent. Mon avis a bien changé depuis mon article datant de février 2012 (ça me donne idée de mise à jour tiens d’ailleurs) !! J’y suis désormais quasi quotidiennement et j’aime bien. Je ne publie par contre toujours pas de photo des enfants « reconnaissables ». À voir comme ça, on se dit que ce n’est pas bien méchant Instagram. C’est un réseau social facile, tout doux, avec de jolies choupies photos.
Oui Oui. C’est d’ailleurs à mon avis le premier auquel je donnerai accès à ma 11 ans (quand elle n’aura plus 11 ans). Les adolescents instagrameurs ont leurs codes pour faire leur petite bio et à ce sujet je vous envoie chez Violette qui en parle parfaitement !
Les dérives possibles :
* insultes en commentaire (il est tout à fait possible de les supprimer et de signaler le compte responsable. Généralement, la personne ouvre immédiatement un autre compte pour recommencer…)
* ouverture de compte reprenant des photos/noms de l’adolescent, mais en le discréditant…
* vol « simple » d’identité, très courant, les photos volées, mais c’est le cas sur l’ensemble des réseaux sociaux.
Évidemment, je ne peux que préconiser de les encourager à laisser leur compte Instagram en privé et de bien contrôler les demandes d’accès. Hélas, l’objectif des ados aujourd’hui est d’avoir un nombre de suiveurs importants et croissants… le compte privé ne le permet donc pas ou en tout cas arrive vite à ses limites… Encore une fois, gare aux photos « volées », même par les copains/copines qui ne pensent même peut-être pas à mal et qui postent des photos représentants notre ado sans son consentement.
Expliquer, expliquer, encore et encore. Montrer ce qui peut arriver, juste pour le savoir et être un peu plus vigilant. Mais cela vaut pour tous les réseaux sociaux. Encore.
Snapchat. Bon, bon, bon, j’ai mis un temps dingue à aller voir ce qu’il en était, mais je me suis sacrifiée. J’ai pris 50 ans en 2 heures tellement je n’y comprenais rien. L’ergonomie de cette application n’a juste rien à voir avec ce que l’on a l’habitude d’utiliser nous les digital mums. Finalement, j’ai à peu près compris le fonctionnement, mais – pour le moment (eau fontaine toussa) – je n’accroche absolument pas. Certes, je me suis abonnée à des comptes de blogueuses qui l’utilisent, je trouve, parfaitement, comme Margot : elle raconte sa journée, montre son quotidien, échange avec sa communauté, je suis bluffée. À mon avis c’est extrêmement chronophage, surtout que cela s’ajoute à tous les autres réseaux sociaux.
Mais revenons à nos ados. Eux, ce qu’ils aiment c’est l’instantanéité et l’aspect éphémère des publications (et le fait que les parents n’y sont pas). Ils se prennent en photos, avec des filtres rigolos ou se filment en mini vidéo de 10 secondes et les mettent à disposition de leurs suiveurs/amis, qui pourront voir et revoir éventuellement les posts, mais seulement pendant quelques heures. Ensuite, hop, c’est disparu.
Magique. Non pas vraiment. Entre temps, je ne préfère pas vous expliquer ce qu’un ado peut prendre en photo sachant qu’elle sera éphémère…
Les dérives possibles :
* le contenu des photos/vidéos (oh secours)
* les échanges écrits que vous ne pouvez pas voir (car l’ado peut choisir à qui il envoie son snap, donc même si vous le suivez, il peut sans souci vous zapper)
* les copies écran des photos… eh ouais les gars… c’est pas si compliqué de conserver une photo qui était censée disparaitre des internet…
Periscope. Le petit nouveau si je puis dire. Vous en avez peut-être jamais entendu parler, ou tout juste par l’épisode malheureux de ce footballeur fort aimable qui y a insulté – bêtement -son entraineur (bravo le veau).
Ce réseau social est basé sur la vidéo EN DIRECT. Vous êtes quelque part, vous trouvz ça beau ou il se passe un « fait divers » incroyable devant vous, vous vous connectez et vous filmez. Automatiquement, votre vidéo est « géolocalisée » (donc vous aussi)(c’est important pour la suite), vous pouvez lier votre compte periscope à votre compte twitter d’ailleurs, ce qui permet de prévenir, via twitter, vos follower que vous êtes « en direct ». C’est très sympa pour faire visiter la capitale par exemple, décrire une visite, un lieu. Pour l’avoir testé à deux reprises c’est assez troublant/excitant, car vous voyez instantanément des « gens » se connecter à votre vidéo, ils vous envoient des messages écrits qui s’affichent sur votre écran tandis que vous filmez toujours, vous pouvez donc converser avec eux en parlant. Ou pas d’ailleurs. Mais c’est toujours mieux de le faire, c’est un peu l’idée: l’échange. Ces personnes peuvent vous regarder / ou visionner votre vidéo de n’importe où dans le monde. Inversement, en vous mettant sur l’application, vous pouvez aller voir des vidéos en direct ou en léger différéees (elles restent en ligne quelques heures en effet) tournées au bout du monde ou au coin de votre rue ! J’ai ainsi assisté à une sortie en surf sur une plage à Sydney !!
Les dérives possibles :
* tout ça c’est bien beau, mais si vous prenez le temps, et je vous y encourage, d’aller jeter un oeil aux types de vidéos lancées, notamment en France (mais c’est idem partout), vous verrez que 80% des vidéos proposés se sont des ados qui s’ennuient et qui veulent « chater« … génial… On se retrouve donc face à des ados dans leurs chambres, j’ai même suivi une « vidéo » d’ados en classe… oui oui… au collège, en train de se filmer « en douce », l’un demandant à son pote de lui dire si la prof le serrait… Youhou que c’est passionnant tout ça. Donc, là encore, gare au contenu diffusé qu’il est impossible de maitriser !!! L’ado filme ce qu’il veut.
* la geolocalisation… voilà ce qui me dérange particulièrement, si je devais mettre un ordre à ces soucis collatéraux. L’enfant, pardon, l’ado est totalement reconnaissable s’il se filme. Il ne sait absolument pas qui le regarde (enfin, il a les pseudos, génial, ça nous avance vachement). Mais surtout, en se connectant et en démarrant une vidéo, l’utilisateur se géolocalise. On sait donc EXACTEMENT où il se situe. Je ne parle pas non plus du fait qu’il peut ainsi montrer à de potentiels cambrioleurs à quel point votre appartement regorge de trucs de valeurs.
Exemple, au moment où j’écris voici la carte proposé par Periscope :

Je clique sur la terre pour visualiser la carte et je cherche la France

Je zoome sur Paris (en rouge les vidéos en direct, en bleu les replays de vidéos disponibles)

Je zoome au hasard dans le 17e, rue Boulay


J’ai cliqué, la vidéo montrait une jeune demoiselle « Noor » faisant des « duck face » à la caméra et disant « salut » et « bonjour » à ces suiveurs, elle reçoit des « coeurs » (équivalent des like Facebook et des coeurs rouge d’instagram) et une invitation à venir déjeuner dans une crêperie à côté de chez elle ! Hop au bout de 30 secondes un joli « t’es une p…. » , la jeune fille décide de « bloquer » la personne. Ensuite, on lui demande son âge… J’ai arrêté le visionnage rapidement. On a compris l’idée. Au moins, elle était habillée.
Mon conseil : ouvrez un compte avec un pseudo et allez voir. Surtout si votre ado a téléchargé l’appli et l’utilise… il faut savoir.
Je vous conseille aussi la lecture de ce billet du babyblog sur l’application Periscope.
***** MISE A JOUR AOUT 2017 ******
J’ajoute aujourd’hui le petit dernier né des réseaux sociaux pour ados : YELLOW
Alertée par une maman lectrice, voici donc le petit dernier qui « inquiète ». Le Tinder des ados, rien que ça.
Bien que les équipes de Yellow affirment être extrêmement vigilants quant aux faux profils (adultes cachés derrière des ados) qu’ils disent détecter très rapidement et supprimer dans la foulée, je vous encourage encore une fois à PARLER à vos ados de cette appli. A la base, elle sert à rencontrer de nouveaux amis par affinité. La vieille que je suis se demande ENCORE comment ce type de réseaux peut exister, en attendant, faisons avec.
Évidemment, ce billet n’est pas pour dramatiser, je suis la première à utiliser quotidiennement les réseaux sociaux, à aimer les réseaux sociaux pour ce qu’ils ont, à mon sens, de positif : la connexion au monde, l’échange, les rencontres virtuelles sincères et pouvant clairement donner suite à de belles histoires d’amitié. Tout est encore et toujours une histoire de « juste milieu », utiliser, mais ne pas abuser. Je pense que nous avons, adultes, parents, un rôle extrêmement important pour « éduquer » nos enfants à ces outils alors, autant les connaitre à minima, c’est le but de ce billet. Le mieux est de tester vous même et d’en parler avec vos ados ensuite.
Le droit à l’image, la gestion de leur empreinte numérique. S’ils vous prennent déjà pour des vieux imbéciles, montrer leur des récits de jeunes qui témoignent de leurs mauvaises expériences. Cette jeune femme par exemple.
Savoir c’est contrôler. On n’évitera pas des abus de tiers personnes mal intentionnés, mais je reste persuadée – comme je le disais dans mon article sur les addictions – que l’on peut largement limiter la casse ! Ma 11 ans apprécie nos échanges sur ces sujets, elle se rend compte que je connais, que j’utilise, je lui explique pourquoi j’aime tel ou tel réseau ou que je n’accroche pas particulièrement à d’autres. J’ai envie également que ses copines sachent que je suis là si elles ont besoin d’aide sur ces sujets. C’est important pour moi. Je ne suis pas folle, je sais qu’à un certain moment, on n’aime plus parler à sa « mère » et j’aime penser que ma fille et mon fils ensuite, iront voir des adultes amis en qui ils ont confiance pour parler de leurs problèmes. J’ai donc envie de pouvoir endosser ce rôle pour les gamins et gamines qui nous entourent aujourd’hui.
Je suis, comme toujours, preneuse de vos remarques, questions, avis. Nourrissez moi 